Do jornal Le Monde, desta sexta-feira 31 de março de 2006, em tradução de relatório de procuradoria dos EUA:
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Comment j'ai préparé le 11-Septembre
LE MONDE | 31.03.06 | 12h11 • Mis à jour le 31.03.06 | 12h11
Les paragraphes ont été numérotés par le greffe du tribunal
6. Khaled Cheikh Mohammed a fourni des informations sur la mise au point de son projet de détournement d'avions aux Etats-Unis par des kamikazes. Au cours de l'année 1994, Ramzi Youssef, Oussama Asmurai alias Wali Khan, Abdul Hakim Mourad et lui-même ont travaillé sur le "projet Bojinka", qui consistait à faire exploser en vol 12 appareils de compagnies américaines en provenance ou à destination des Etats-Unis. Ce projet fut déjoué au début de 1995.
Khaled Cheikh Mohammed se rendit en Afghanistan en 1996 afin de convaincre Ben Laden de lui donner de l'argent et des hommes dans le but de détourner dix avions aux Etats-Unis et de les précipiter sur des objectifs civils et militaires, cinq sur la Côte ouest et cinq sur la Côte est. Au début, Ben Laden émit des doutes sur la faisabilité de l'opération, mais, en mars ou avril 1999, il changea d'avis et convoqua Khaled Cheikh Mohammed à Kandahar, en Afghanistan. Ben Laden déclara à Khaled Cheikh Mohammed qu'il estimait à présent le projet réalisable et l'informa que l'opération bénéficiait désormais du soutien total d'Al-Qaida. Ben Laden lui proposa aussitôt quatre personnes prêtes à assumer une opération suicide : Walid Mohammed Saleh Ba'Attash (alias"Khallad"), Abou Bara Al-Yamani, Khaled Al-Mihdhar (ou "Midhdar") et Nawaf Al-Hazmi. Une fois que le projet de détournement eut obtenu l'approbation de Ben Laden, Khaled Cheikh Mohammed et d'autres cadres importants d'Al-Qaida qui en étaient informés y firent référence sous le terme d'"opération des avions". Khaled Cheikh Mohammed estima qu'il faudrait environ deux ans pour mettre au point le projet et l'exécuter.
7. Khaled Cheikh Mohammed dut procéder au premier ajustement majeur de son plan au cours du printemps et de l'été 1999, lorsqu'il réalisa que Ba'Attash (alias"Khallad") et Abou Bara, tous deux yéménites, ne pourraient obtenir de visas américains. Khaled Cheikh Mohammed voulait que ces deux exécutants participent à l'opération, comme d'autres Yéménites appartenant à la garde rapprochée de Ben Laden, dont Al-Battar Al-Yemeni. Khaled Cheikh Mohammed se résolut donc à scinder l'opération en deux parties distinctes afin de s'assurer de la participation des Yéménites. La première partie concernait les Etats-Unis. Khaled Cheikh Mohammed décida d'envoyer un nombre indéterminé d'exécutants aux Etats-Unis afin d'y détourner des appareils de lignes américains et de les précipiter contre des objectifs situés aux Etats-Unis.
Dès le milieu de l'année 1999, Al-Mihdhar et Al-Hazmi, qui possédaient déjà des visas américains, avaient été désignés pour participer à l'opération. La seconde partie de l'opération, conçue comme une version restreinte du projet Bojinka, mettrait en jeu des Yéménites : des kamikazes détourneraient des appareils de compagnies américaines assurant des liaisons transpacifiques et les feraient exploser en vol au lieu de les diriger contre des objectifs au sol. Au milieu de l'année 1999, Ba'Attash et Abou Bara avaient été désignés comme devant participer à ce volet de l'opération… En tout état de cause, le projet à ce stade était de faire exploser en vol ou de précipiter sur des objectifs au sol à peu près au même moment les avions détournés au-dessus des Etats-Unis et du Sud-Est asiatique afin de maximiser l'impact psychologique des attaques.
Vers les mois d'avril ou mai 2000, Ben Laden annula la partie asiatique de l'opération en affirmant qu'il serait trop difficile de synchroniser les volets américain et asiatique du plan.
14. Khaled Cheikh Mohammed déclare qu'il fut heureux que Ben Laden lui confie la responsabilité de l'opération du 11-Septembre car lui-même avait proposé une opération semblable à Ben Laden quatre ans plus tôt, en 1996, juste après l'arrivée de celui-ci à Tora Bora après son départ du Soudan. Khaled Cheikh Mohammed pensait que l'opération serait aisée. C'est à ce moment-là qu'il suggéra que les moudjahidins prennent des cours de pilotage afin d'être en mesure de détourner de gros appareils, des Boeing 707-400 ou des avions plus gros, et non pas des petits avions. Khaled Cheikh Mohammed ne voulait pas limiter l'entraînement militaire à celui dispensé en Afghanistan parce qu'il ne le considérait pas suffisamment adapté. Khaled Cheikh Mohammed estimait que la simplicité était la clé du succès. Khaled Cheikh Mohammed n'aimait pas recourir à des codes dans les messages ou courriels de routine. Il demanda à ses exécutants d'avoir un comportement le plus normal possible, de s'en tenir dans leurs lettres à un ton éducatif, social ou commercial, et de ne passer que de brefs appels téléphoniques. Il délégua à Atta une autorité suffisante pour que celui-ci limite au maximum ses contacts avec lui-même et d'autres responsables d'Al-Qaida, et qu'il puisse prendre les décisions nécessaires. Khaled Cheikh Mohammed interdit à ses exécutants de contacter le Pakistan pour quelque raison que ce fût. On alla même jusqu'à sup primer de leurs passeports tout tampon ou visa pakistanais. Atta avait suivi une formation dans ce domaine et maîtrisait la technique.
15. Khaled Cheikh Mohammed a déclaré que l'objectif des attentats contre les Tours jumelles était de "réveiller le peuple américain". Khaled Cheikh Mohammed explique que, si la cible avait été purement militaire ou gouvernementale, le peuple américain n'aurait pas pris conscience des atrocités que l'Amérique commet en soutenant Israël contre le peuple palestinien, ni du caractère égoïste de la politique étrangère américaine qui corrompt les gouvernements arabes et accentue l'exploitation des peuples arabes et musulmans.
17. [En 1998], lors de la première réunion entre Ben Laden et Khaled Cheikh Mohammed consacrée à la sélection des objectifs, les deux hommes n'évoquèrent les concepts opérationnels qu'en termes généraux. Khaled Cheikh Mohammed croit se souvenir qu'Abou Hafs assistait à cette réunion. Ben Laden exprima son souhait de frapper simultanément le Pentagone, la Maison Blanche et le bâtiment du Capitole, et ajouta qu'il avait songé à Nawaf Al-Hazmi et Khaled Al-Midhdhar pour l'opération. Il espérait que Khaled Cheikh Mohammed serait en mesure de proposer d'autres pilotes originaires de la région du Golfe persique grâce aux relations qu'il y entretenait. Khaled Cheikh Mohammed précisa qu'à ce stade, le groupe de Mohammed Atta n'avait pas encore été désigné.
18. D'après Khaled Cheikh Mohammed, une fois qu'Atta eut été désigné comme un des futurs exécutants, Ben Laden organisa une nouvelle réunion à Kandahar pour déterminer quels objectifs seraient frappés. Ben Laden, Atta, Abou Hafs et Khaled Cheikh Mohammed étaient présents. Ce dernier explique qu'à ce moment-là, Hani Hanjour, le quatrième pilote, n'avait pas encore été désigné. Le groupe travailla donc dans l'idée que trois objectifs seulement seraient visés, et Ben Laden indiqua qu'il souhaitait frapper une cible militaire, une cible politique et une cible économique. Grâce à sa collaboration avec Ramzi Youssef au début des années 1990, Khaled Cheikh Mohammed avait à l'esprit de nombreux objectifs possibles, de sorte qu'au cours de cette réunion, on évoqua des dizaines de cibles éventuelles, dont le World Trade Center (WTC), une centrale nucléaire, l'Empire State Building, une ambassade étrangère à Washington et les sièges de la CIA et du FBI. Bien que le groupe estimât qu'il serait également intéressant de frapper un lieu rassemblant une forte population juive, aucun objectif précis ne fut évoqué. D'une manière générale, Khaled Cheikh Mohammed déclare qu'ils considéraient les grands immeubles américains comme étant particulièrement vulnérables à une attaque et faciles à frapper.
19. Avant que Khaled Cheikh Mohammed quitte l'Afghanistan, Ben Laden lui présenta une liste d'objectifs que Khaled Cheikh Mohammed transmit ensuite à Atta. Celui-ci dressa alors une liste de cibles préliminaires. Ben Laden informa Atta qu'il devait frapper les deux tours du WTC, le Pentagone et l'immeuble du Capitole, mais laissa à Atta le soin de choisir parmi d'autres cibles additionnelles, dont la Maison Blanche, la tour Sears [à Chicago] et une ambassade étrangère à Washington. A la suite de cette conversation, Atta utilisa un programme informatique pour localiser une centrale nucléaire en Pennsylvanie, que Ben Laden accepta d'ajouter à la liste.
39. Les détails de l'opération du 11-Septembre ont été strictement compartimentés, et seuls Khaled Cheikh Mohammed, Ben Laden, Mohammed Atef ainsi que certains membres des futurs commandos étaient au courant des objectifs précis, du calendrier, de l'identité des exécutants et du mode opératoire des attaques. De nombreux hauts responsables et simples cadres d'Al-Qaida savaient que Khaled Cheikh Mohammed préparait le départ d'exécutants pour les Etats-Unis, ce qui permit à certains de comprendre qu'Al-Qaida planifiait une attaque à court terme sur le territoire des Etats-Unis, mais aucun ne connaissait les objectifs précis ni la méthode prévue pour l'attaque. Pour s'être particulièrement intéressé à l'entraînement et aux déplacements des exécutants, Sayf Al-Adl aurait été le plus à même d'apprendre certains détails du projet, mais il ne reçut aucune information avant l'opération.
41. A un certain stade de l'entraînement d'Atta, Ben Laden décida qu'il serait l'"émir" des kamikazes aux Etats-Unis, avec Al-Hazmi comme adjoint. Ben Laden et Abou Hafs avaient au départ songé à désigner Ramzi Ben Al-Shibh comme"émir", car il avait dirigé la "cellule allemande" lorsque celle-ci était arrivée en Afghanistan, et aussi parce que Ben Al-Shibh paraissait posséder des talents de meneur et qu'il entretenait des liens avec des organisations islamiques non identifiées au Moyen-Orient et/ou en Europe. Khaled Cheikh Mohammed affirme qu'il n'a joué aucun rôle dans la désignation d'Atta comme"émir". Khaled Cheikh Mohammed a gardé d'Atta le souvenir d'un agent de valeur. Atta s'était beaucoup familiarisé avec l'Occident, il travaillait dur et apprenait vite. (…)
51. Aucun autre membre d'Al-Qaida ne participa à la décision d'utiliser des avions pour attaquer les Etats-Unis ni à la sélection initiale des objectifs. Toutes les autres personnes concernées ne furent mises au courant du projet, de façon plus ou moins détaillée, que lorsqu'elles furent personnellement impliquées dans le complot. Ainsi les pilotes n'apprirent les détails des attaques prévues qu'après avoir donné leur accord pour y participer.
52. En dehors des pilotes, aucun des hommes sélectionnés pour l'opération ne fut directement informé de la méthode d'attaque ni des objectifs visés.
53. La décision finale de frapper telle cible avec tel avion fut laissée aux pilotes. C'est lors d'une rencontre en Espagne en juillet 2001 qu'Atta informa Ben Al-Shibh des cibles choisies, après quoi Ben Al-Shibh transmit l'information à Khaled Cheikh Mohammed. La répartition finale des cibles entre les pilotes fut opérée par Atta, Shehhi, Hanjour, Jarrah et Hazmi.
54. C'est également par Ben Al-Shibh que Khaled Cheikh Mohammed apprit qu'Atta avait achevé à la fin août 2001 la sélection des objectifs et procédé à leur répartition entre les pilotes. Et ce n'est qu'à ce moment-là que les autres membres des commandos furent informés des objectifs et du plan opérationnel d'ensemble. C'est Ben Al-Shibh qui en informa Khaled Cheikh Mohammed.
63. A la fin août, lorsque les ultimes détails de l'opération eurent été fixés, Ben Laden annonça au conseil de la choura d'Al-Qaida qu'une attaque majeure contre des intérêts américains non précisés aurait lieu au cours des semaines suivantes, mais il s'abstint de fournir d'autres détails.
64. Durant l'été, Ben Laden proféra plusieurs remarques faisant vaguement allusion à une attaque imminente, ce qui suscita des rumeurs dans la communauté djihadiste mondiale. Ben Laden annonça à d'importants visiteurs qu'ils devaient s'attendre à une attaque prochaine contre les intérêts américains et, au cours d'un discours prononcé au camp Al-Faruq, demanda aux jeunes recrues de prier pour le succès d'une opération majeure impliquant vingt martyrs. Khaled Cheikh Mohammed et Abou Hafs s'inquiétèrent de ce manque de discrétion et pressèrent Ben Laden de ne plus évoquer publiquement l'opération.
65. A trois reprises, Khaled Cheikh Mohammed refusa de céder à l'insistance de Ben Laden qui le pressait de lancer l'opération plus tôt que prévu. La première fois intervint au printemps 2000, peu après l'arrivée d'Atta, des autres pilotes et de leurs comparses aux Etats-Unis… Au cours du printemps 2001, Ben Laden insista à nouveau à deux reprises auprès de Khaled Cheikh Mohammed pour avancer la date des attaques. Ben Laden voulait qu'elles aient lieu le 12 mai 2001, soit sept mois exactement après l'attentat contre l'USS Cole au Yémen. La seconde fois intervint en juin ou juillet 2001, car Ben Laden avait appris par la presse que le premier ministre israélien Ariel Sharon devait se rendre à ce moment-là à la Maison Blanche. Mais dans les deux cas Khaled Cheikh Mohammed put résister aux pressions de Ben Laden en expliquant que son équipe n'était pas prête.
79. Khaled Cheikh Mohammed déclare que Moussaoui avait été recruté pour prendre part à une "seconde vague" d'attaques prévue à l'origine pour succéder à celles du 11-Septembre. Pour cette seconde vague d'attentats, il avait été prévu d'utiliser des exécutants d'origine européenne ou est-asiatique, car Khaled Cheikh Mohammed pensait qu'ils pourraient opérer plus facilement dans le contexte de mesures de sécurité dont il pensait qu'elles seraient renforcées après les attaques du 11-Septembre, en particulier en ce qui concernait les personnes originaires du Moyen-Orient. C'est pour cette raison que Khaled Cheikh Mohammed n'a utilisé que des individus originaires de cette région dans la première vague et réservait Moussaoui pour la seconde en raison de sa citoyenneté française. Khaled Cheikh Mohammed précise que la seconde vague n'était pas entièrement planifiée ni prête à être exécutée, mais qu'elle était"en veilleuse". Khaled Cheikh Mohammed n'imaginait pas que les conséquences de la première vague d'attaques seraient aussi catastrophiques qu'elles le furent et n'avait pas prévu que les Etats-Unis y réagiraient avec une telle virulence, de sorte que la phase suivante dut être mise en attente.
109. Khaled Cheikh Mohammed déclare que, d'un point de vue opérationnel, il n'est pas judicieux d'évoquer avec d'autres la tactique choisie ou les objectifs prévus : quand quatre personnes connaissent les détails d'une opération, c'est dangereux; quand deux personnes seulement les connaissent, c'est bien; quand une seule personne est au courant, c'est mieux. Khaled Cheikh Mohammed a donné comme exemple l'avantage opérationnel évident qu'a constitué le fait que Moussaoui ignorât l'objectif définitif de sa mission et l'identité des personnes qui devaient y participer.
Traduit de l'anglais par Gilles Berton
Parcours
1964 (ou 1965)
Naissance au Pakistan.
1983
Etudes de mécanique en Caroline du Nord, aux Etats-Unis.
1987-1993
Combat en Afghanistan et en Bosnie.
1999
Rejoint Al-Qaida, prépare les attentats du 11 septembre 2001.
Mars 2003
Capturé à Rawalpindi, remis aux Américains par les autorités pakistanaises, détenu depuis dans un lieu secret.
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